La théorie intégrale, telle que Ken Wilber l’a progressivement définie à travers ses œuvres, propose une vision du monde fondée sur l’intégration des disciplines et des divers aspects de l’être humain plutôt que sur la fragmentation analytique des données qui caractérise le paradigme mécaniste de la modernité. Dans un avant propos au volume sept de ses œuvres complètes, Wilber définit son intention de la manière suivante :
« L’intention réelle de mes écrits n’est pas de dire : voici la façon dont vous devez penser. La véritable intention est la suivante : voici quelques une des facettes de cet extraordinaire Kosmos : avez-vous pensé à les inclure dans votre propre conception du monde ? Mon travail est une tentative pour créer dans le Kosmos un espace capable d’accueillir toutes les dimensions, niveaux, domaines, vagues, modes, individus, cultures, etc… ad infinitum. J’ai une règle majeure : tout le monde a raison. Plus particulièrement, tout le monde, et moi également, détient une part importante de la vérité, et toutes ces parts de vérités se doivent d’être honorées, chéries et comprises dans un embrassement plus courtois, plus ample et plus compassionnel….
Mes idées critiques n’ont jamais attaqué la croyance centrale d’aucune discipline, mais seulement la revendication que telle ou telle discipline avait de détenir la vérité unique, et sur ce terrain j’ai souvent été très dur. Chaque approche, je le crois sincèrement, est vraie pour l’essentielle mais partielle, vraie mais partielle, vraie mais partielle, vraie mais partielle… Et sur ma tombe, j’espère de tout cÅ“ur qu’un jour quelqu’un écrira : ce qu’il a dit était vrai mais partiel ».
Dans sa préface du livre de Ken Visser – qui vient de paraître en Français sous le titre de Ken Wilber : la pensée comme passion – Wilber définit ce qu’il entend par le mot intégral :
« Le mot intégral, signifie complet, inclusif, non marginalisant, englobant. Les approches intégrales dans bien des domaines ont exactement cette signification : elles incluent autant de perspectives, de styles, de méthodologies possibles à l’intérieur d’une vue cohérente du sujet. Dans un certain sens une approche intégrale est une approche « méta-paradigmatique », ou une façon de rassembler un certain nombre de paradigmes différents dans un réseau de perspectives reliées les unes aux autres et s’enrichissant mutuellement.
Dans les études sur la conscience, par exemple, il y a au moins douze écoles différentes, mais une approche intégrale insiste sur le fait que chacune des douze détient une vérité importante même si elle est partielle, vérité qui a besoin d’être prise en compte dans n’importe quelle approche complète digne de ce nom. Cela est aussi vrai pour les nombreuses écoles de psychologie, de sociologie, de philosophie, d’anthropologie et de spiritualité : elles possèdent toutes une pièce importante du puzzle intégral, et chacune d’elles a besoin d’être reconnue et incluse dans une approche plus complète et intégrale».
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